Articlé publié le 30 octobre 2013
NFC : Toujours pas de décollage sur le mobile
La technologie NFC permettant notamment le paiement via un téléphone mobile peine à se déployer.
Selon Gartner, les paiements par mobile ont représenté 163,1 milliards de dollars dans le monde en 2012. Ils devraient atteindre 235,4 mds de dollars en 2013 soit une croissance de 44 % et 721 mds de dollars en 2017 pour 450 millions d’utilisateurs au niveau mondial. Face à cette fulgurante ascension, le NFC ne représente que 2 % des transactions mobiles et ne pourrait atteindre que 5 % d’ici 2017.
Le NFC ou « Near Field Communication » est une technologie inventée par les deux géants de l’électronique Philips et Sony. Développée par Philips en 1994, elle est d’abord utilisée dans les transports de la capitale coréenne. Sony intègre sa puce NFC à la téléphonie mobile à partir de 2004 afin de lancer le paiement via un portable, appelé communément m-paiement.
Le NFC permet un échange de données sans contact entre deux périphériques
En plus du m-paiement, elle est notamment utilisée pour la mise en place de solutions de m-couponing (coupons de réductions électroniques) et de m-loyalty (système de cartes de fidélité virtuelles). Elle permet aussi la validation d’un billet de transport ou de spectacle et le contrôle à distance des fonctions domotiques d’un logement. La technologie NFC fonctionne en mode « émulation » en jouant le rôle d’une carte à puce opérant à distance, en mode « lecteur » afin de lire des informations stockées dans des étiquettes électroniques ou en mode « pair-à-pair » permettant l’échange de données ou d’argent entre deux périphériques NFC.
En France, c’est en 2011 que la technologie a commencé à être expérimentée pour la validation de billets de transports publics. Les Etats-Unis ont déployé cette technologie en même temps que la France mais son développement est aujourd’hui bien plus avancé grâce à la contribution de grands groupes tels que Google. Au Japon et en Corée, c’est en 2004 que le NFC a vu le jour pour le paiement via les téléphones mobiles. La technologie y est aujourd’hui largement utilisée.
A qui s’adresse le NFC et quel est son intérêt ?
Afin d’encourager le développement du m-paiement, un déploiement massif du NFC à travers les smartphones et les moyens de paiement classiques de type carte bancaire intervient aujourd’hui en France. On dénombrait en effet 4 000 000 téléphones mobiles équipés en juillet 2013 contre 1 000 000 en juin 2012 (Source : AFSCM). Le nombre de cartes de paiement équipées de la technologie s’est quant à lui multiplié par 3,4 entre 2011 et 2012. Sur la même période, le nombre de points de vente proposant un service de paiement sans contact est passé de 3 000 à 55 000 (Source : Site officiel des cartes bancaires CB) et aujourd’hui nous atteignons les 98 000.
Aujourd’hui, de nombreuses banques, opérateurs mobiles, start-ups et acteurs de la grande distribution développent des solutions de m-paiement pour se faire une place sur ce marché. Enfin, les collectivités locales se sont lancées dans la partie il y a déjà bien longtemps en menant des expérimentations dans des villes pilotes comme Strasbourg pour le paiement ou Rennes pour les transports en commun. A partir de 2008, le gouvernement a ainsi entrepris un projet de déploiement des solutions NFC à l’échelle nationale. Dès 2010, le projet Cityzi a été lancé dans de grandes villes françaises en commençant par Nice. A partir de 2011, 17 collectivités locales territoriales (Strasbourg, Nice, Caen et Bordeaux en tête) participaient à ce vaste projet pour tester les solutions NFC relatives au paiement, à l’achat de billets en ligne, aux services urbains et touristiques.
Les enseignes Leclerc et Casino ont déjà déployé la technologie NFC dans des magasins pilotes afin de la tester auprès du grand public. Casino permet ainsi à ses clients de lire les étiquettes avec leur téléphone mobile et de connaître instantanément le montant de leur panier. Cette solution doit aussi permettre, à terme, d’accélérer le passage à la caisse.
L’utilisateur a juste à passer son téléphone équipé d’un système de puce sur une borne de paiement préalablement installée par le commerçant, puis valider son paiement par un code si celui-ci dépasse un certain montant. Standardisée à l’international, cette technologie offre l’avantage d’être déjà familière des Français puisqu’utilisée pour les badges de transport de type Navigo, ou dans certaines entreprises.
NFC : un modèle qui tarde à se déployer
En France, malgré le nombre croissant de téléphones mobiles équipés de la technologie NFC et l’assouplissement de la réglementation, le modèle NFC peine à se déployer. Pourquoi ? Tout d’abord, les solutions sont tellement nombreuses et différentes que les commerçants et les consommateurs s’y perdent. Ensuite, les Français émettent des doutes quant à la fiabilité et la sécurité de ce nouveau moyen de paiement. Il faut aussi noter qu’ils sont satisfaits des modes de règlement existants et qu’ils n’ont pas nécessairement envie d’en changer. Une étude réalisée par Ipsos en octobre 2013 démontre en effet que 48 % des Français interrogés ne sont pas prêts à abandonner leur carte bancaire pour leur téléphone mobile. De plus, tous les acteurs du marché restent prudents, Apple en tête, qui n’a pas intégré le NFC à son iPhone 5S.
Un retour en grâce devrait cependant se produire à partir de 2016 avec la généralisation des smartphones compatibles. Pour l’heure, ce sont surtout les « wallets » (comme Google Wallets) qui tirent le marché.
D’après l’étude de MarketsandMarkets, le paiement par smartphone devrait se développer considérablement d’ici à 2018, le temps pour les consommateurs de changer leurs habitudes. Vendredi 25 octobre, le conseil d’administration du Groupement des Cartes Bancaires a validé le budget pour des campagnes dédiées au paiement sans contact pour des achats de moins de 20 euros, un bon moyen pour sensibiliser les Français aux bénéfices du paiement sans contact qui pourra se démocratiser par la suite au paiement sans contact par smartphone.
David Charles, fondateur et président de Prixtel